saga covid19 acte7 - amour, avion et trottinette
lundi matin
confinement
semaine 3
le soleil est présent
illumine un peu
nos coeurs éprouvés
pensées dans le jardin
pensées envahissantes
dans la tête
pas un bruit
pas un bruit
silence absolu
même les oiseaux
sont discrets ce matin
mes tympans en paix
pas de trottinettes
grinçantes
agaçantes
agressives
à mes oreilles de citadine
la mienne de trottinette
faite par mon pépé
était grande et verte
pas écolo
mais verte
je parcourais les allées
du jardin
comme si j'étais
dans un bolide
de formule 1
elle ne faisait pas de bruit
c'était une patinette
une vraie
comme je l'aimais
souvenir
qui passe à travers mon cerveau
en apesanteur
et en angoisse pathétique
historique
pas encore
hystérique
un bruit surgit du fond de l'horizon
un avion zèbre le ciel
bientôt il va atterrir
est-il rempli de masques ?
on en a tant besoin
je croise les doigts
si tel est le cas
alors que le bruit revienne
que les avions zèbrent mon ciel.
le vent cinglant
me ramène à la raison
raison de vivre
et d'espérer
un demain
et un après-demain
mon atelier virtuel
et ses jolies plumes
qui me comblent
d'une douce joie
la petite chienne bronze
au pâle soleil de fin mars
horaire d'été en place
était-ce nécessaire
de nous perturber
encore plus ?
la question est ouverte
je n'ai pas la réponse
j'ai déjà pris des nouvelles
de mes proches
surtout de mes enfants
si proches
et si loin en ce moment
leurs sourires me manquent
leur présence me manque
le partage d'un dîner improvisé
le partage d'un moment
devant leurs deux coeurs
à l'unisson
qu'ils sont beaux
tous les deux
cette beauté
du coeur et de l'âme
ils sont si près pourtant
ils sont si loin pourtant
ils sont mon moteur
ils sont mon ancrage
comme la petite chienne
qui dort d'une seule oreille
pour ne rien rater
qui pose sa patte
sur mon pied
pour me retenir
et "lui"...
qui partage mon confinement
mon mari
que j'aime haïr
comme de l'amour fou.