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Publié par la tortue à plumes

Ce matin le soleil est absent
mais l'air permet de mieux respirer
ce qui n'était plus le cas depuis un long moment.
L'humidité régnante a incité les escargots à sortir de leur coquille et de leur cachette et à s'embarquer pour une  promenade dans la coulée verte.
 
Ici c'est le monde du silence
ici d'est le monde de la nature.
 
Je n'insisterai pas sur le fait que les chiens y sont interdits
ce que je respecte en maugréant, même si des traces indubitablement canines et imposantes me laissent penser que des chiens s'en servent de crottoir.
 
Il y avait longtemps que je n'avais pas fait ma petite balade au pays des insectes, des oiseaux, de la verdure, de la nature,
Traversée obligée du street art qui m'insupporte surtout lorsqu'il est présent sur les potelets de bois.
Je passe sous le pont, un des ponts, c'est le royaume des pigeons qui y ont installé leurs nids.
Un joggeur me double.
Les canettes et bouteilles vides de bière témoignent d'une activité fébrile même lorsque l'accès est fermé.
 
Un panneau m'interpelle : "le moineau domestique",
il y en a de moins en moins
peut-être que la coulée verte est propice à leur survie, pourtant je n'en vois pas, je n'en n'entends pas.
Un deuxième joggeur me double, je m'étais arrêtée pour le laisser passer. Moi, j'ai le temps du temps, qu'importe le temps.
Ah voici un troisième joggeur dans l'autre sens, les cheveux au vent, il va me doubler.
Erreur, le joggeur est une joggeuse.
Mais c'est l'affolement général, un autre arrive, beaucoup plus âgé, beaucoup moins souple, beaucoup moins agile.
il trottine, il traîne les pieds, la bedaine en avant, il souffle. J'espère qu'il ne va nous faire un infarctus avant de rentrer chez lui.
 
Un autre escargot se balade sur un tas de bois mort.
 
Encore un joggeur qui repasse chaussures fluo aux pieds pour ne pas se confondre avec nos amis gastéropodes peut-être !
 
Il fait frais, la canicule est partie, mais les maisons sont encore chaudes. Que c'est agréable de prendre son temps de se laisser aller sur ce parcours verdoyant à observer la nature, à se dire que peut-être la pollution est restée à l'extérieur de ce cocon.
 
Bientôt la fin je vais sortir.
Des odeurs de peinture ont envahi le petit espace sous l'autre pont. Mon nez n'aime pas.
Le chant des oiseaux fait un fond sonore.
 
La canicule a fait des dégâts beaucoup d'arbres ont souffert. Ils sont vigoureux, ils devraient s'en remettre pour la plupart d'entre eux.
 
"Pouillot véloce" dit un nouveau panneau :
"il est retour de pays méditerranéens et africains
il égrène à tout moment des notes hachées :
"tsip, tsap, tseup" ou "zilp-zalp, zilp-zalp"
depuis 2010, il vit dans la coulée verte"
Encore un grand timide que je n'ai pas vu.
 
Mes derniers pas avant sortie imminente.
A gauche un dernier tas de bois doit accueillir des insectes, des vers, des vermisseaux, tandis qu'à droite, mon escalier préféré, est toujours égal à lui-même, moussu, tordu, glissant, finissant  sur une porte infranchissable.
 
Devant, un grand morceau de rail me fait rêver des voyages passés.
Un chêne s'y est installé. Il a commencé à l'étouffer.
Un autre joggeur a fini sa boucle, il repart dans l'autre sens.
 
Je croise des passants
Je recroise des joggeurs
Je croise des escargots
Je suis dans mes pensées.
 
Plus loin des mûres, j'aimerais bien les manger, mais je ferai comme j'ai déjà fait avec une noix, je les laisserai pour le petit peuple local. De même pour les mirabelles au loin, tellement tentantes avec leur couleur de soleil appétissant. Je les dévore des yeux, la satisfaction visuelle me convient.
 
Un train passe, la balade au calme est terminée.
Je suis sur le pont de bois, signe de la fin du voyage,
les derniers mètres et je serai revenue en ville.
 
Le train est déjà loin. Je vais rentrer chez moi boire une grande tasse d'Assam en me disant que je reviendrai avec Margueritte, certaine qu'elle ne provoquera aucune nuisance, les photos compromettantes des chiens pollueurs dans ma poche.
Ma rage est là dans ces gens pour qui la nature n'a aucun sens,
pour qui les mots, civilité, respect, environnement n'existent certainement pas.
 
Je verrai si les escargots sont toujours là ou bien s'ils sont partis se réfugier sous d'autres herbes, d'autres tas de bois.
Je verrai si le petit qui cheminait sur un rail est arrivé à bon port.
 
J'ai failli raté un train ce matin.
Un escargot, un gros habillé d'un camaïeu de marron, traversait le sentier, il venait de ma droite,
je me suis arrêtée, il avait la priorité, je l'ai laissé passer,
Je n'avais pas de train à prendre, mais l'idée me plaisait !
 
Je vois la gare,
je vois la poste
le ciel est toujours nuageux
le soleil voudrait poindre
un peu de patience ce devrait pouvoir se faire
pour l'instant je l'attends en continuant mon chemin.
=====

 
les escargots de la coulée verte
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