19 ans et après ?
Après quoi ?
après qui ?
19 ans de quoi ?
je me souviens. Pourquoi m’avoir posé cette question ?
Tu m’avais dit que les roses n’avaient pas d’épines
que les renards ne parlaient pas.
Je t’appelais mon Petit Prince,
tu m’appelais, tu sais quoi, j’ai oublié.
je me suis brisée les ailes et j’ai arrêté de respirer et puis dans un souffle ultime,
comme un naufragé plongeant au fond de la piscine, j’ai posé le pied sur le carrelage glacial et à cet instant j’ai commencé à remonter vers la lumière.
Depuis, je respire, je vis, je ris.
Tu es parti emportant tout de la maison, tout ce que nous avions construit ensemble. Qu’importe, tu m’as laissé le bien le plus précieux, un livre mais quel livre : le Petit Prince que je lis et relis et qui à chaque fois me fait ressentir toutes les plus belles émotions du monde, le partage, l’amitié, la simplicité, la légèreté. Enfin je la nomme ainsi.
quand le soleil brille, je prends une bouteille d’eau et mon livre. Assise au soleil, je tourne les pages au gré du vent et de mon envie. Je feuillette. Certaines pages sont surlignées un peu usées, d’autres gardent les traces des larmes que j’ai versé puis au coucher du soleil je rentre dans ma tanière et tel le renard, je t’attends.
je me dis que je n’ai pas su t’apprivoiser, que tu n’as pas su me retenir et que c’est pour cela que tu as préféré partir.
les roses, dans leur vase d’opaline, sont fanées depuis longtemps, je les garde précieusement, à la recherche de leur parfum évanoui lui aussi.
je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout !
pas si sûr le “pas du tout”.
un jour qui sait nous nous retrouverons comme à nos dix neuf ans insouciants et maladroits.
la jeunesse n’est pas toujours un cadeau, la vieillesse non plus, mais la vie n’a pas de prix et ça je le sais maintenant.
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(un texte écrit pendant l’atelier d’écriture au Tapis rouge pendant la semaine bleue 2017.)