Chipie, un quatorze juillet
quatre mois que tu es partie
vers ton autre paradis
le ciel était gris
il est toujours aussi gris
la maison est vide
le vide ne se comble pas
comment pourrait-il en être autrement
on fait semblant
on te cherche
on te voit
on t’entend
on t’attend
aujourd’hui, fête nationale
les pétards résonnent dans ma tête
moi je me souviens de ton dernier souffle
un souffle léger comme le zéphyr
qui s’est envolé aussi vite que ton âme
dans nos mains
ton petit corps encore chaud
nous laissait croire que
mais non, il n’y a pas eu de miracle
nous le savions depuis des mois
chaque minute de notre vie
était pour toi
surveiller ton coeur
surveiller ta respiration
te faire faire le moins de mouvements inutiles
te porter pour soulager la souffrance
et ta volonté de ne pas le montrer
quatre mois que tu es partie
nous sommes restés
impuissants, douloureux
malheureux et perdus sans toi
Le destin a voulu que trois chatons juste nés
envahissent notre maison
et occupent nos journées entièrement
tu étais là malgré tout
nous leur avons prêté
ce que nous avions conservé de “tes affaires”
ils étaient si petits, si fragiles, si vulnérables
nous ne voulions pas vivre un nouveau drame
un échec
une seule résolution commune :
“il ne faut pas qu’ils meurent”
et nous pensions à toi
comment aurais-tu réagi ?
Tu n’aurais pas réagi,
car tu n’aimais pas les chats
et si tu avais arpenté le jardin
et aboyé
et laissé tes traces de petite chienne
la chatte n’aurait jamais laissé ces bébés chez nous
je me suis souvent demandée si tu n’y étais pas pour quelque chose
si tu n’avais pas prié le destin de frapper à notre porte
pour t’oublier le temps de tous ces biberons,
de ces toilettes, jusqu’à leur apprendre un peu à être
des chatons
nous n’étions pas les parents, mais ils n’ont connu que nous
et je sentais ta présence qui rodait
tu les as même laissé monter sur ton canapé…
quatre mois que tu es partie
les chatons depuis quelques semaines
d’eux nous recevons des photos
et puis ils sont beaux et bien vivants
à chaque photo, je pense, à toi
j’aimerais tellement que tu sois encore
dans mes bras,
collante, comme la glu
j’aimerais tellement sentir ton odeur
douçâtre de petite chihuahua
j’aimerais tellement sentir ton coeur battre
il ne me reste plus,
mais c’est déjà beaucoup que de venir te voir
dans ton jardin du souvenir
ce merveilleux endroit
où j’aime me recueillir aussi souvent
que je n’y tiens plus de ne plus te voir
je nettoie ta petite tombe recouverte de bois exotique
je nettoie l’ange, les fleurs naturelles et les autres
il y a des petits symboles que j’ai glissés
que toi seule peux comprendre
j’apporte des fleurs nouvelles
pour que tu sois la plus belle
justement le quatorze juillet c’est maintenant
alors je me prépare
pour venir te voir tata So, au volant,
je te verrai dans ton grand châle beige que je t’avais donné
enveloppée pour ton dernier voyage
et délicatement posée dans ton sac de bébé
celui rose et marron qui était si doux
et que Gérard et Évelyne t’avaient offert
Peut-être peux-tu discuter de temps en temps
avec Sweetie, partie elle aussi
je sais, tu n’es qu’un chien,
mais tu étais tellement plus
que certains de ceux que l’on nomme humain
et qui n’en ont que le nom
tu étais douce,
tu étais tendre sans méchanceté,
sans rancune
juste une boule d’amour
pour combler notre bonheur
et nous remplir de joie
je pense à te remplacer,
mais ceci est impossible
alors entre envie de caresser un bébé chien
et la peur de te retrouver ou pire de ne pas te reconnaître
je reste derrière ma fenêtre à te regarder
renifler les fleurs du jardin,
le nez au vent
je te vois te faufiler dans les massifs
sans que rien ne bouge
comme une libellule si légère
je pourrais oui je pourrais écrire des pages et des pages
jusqu’à l’épuisement total
je suis vivante aussi
et je dois assumer ma vie
depuis que tu es partie
tu ne me quittes plus
toujours autour de mon cou
dans un nuage transparent
ton nom est inscrit
je le sens sur ma poitrine qui bat
au rythme de mon coeur
et c’est mon secret petit bonheur
mille caresses ma chipette
I love you for ever
le quatorze juillet pile quatre mois après que tu es partie
je viendrai te raconter les tracas du temps
je te raconterai mes joies, mes peines
je te demanderai sottement de tes nouvelles
je t’enverrai des baisers et encore des baisers
et mon coeur pleurera comme à chaque fois,
mais je serai là
et rien d’autre ne comptera
que ce moment “là et maintenant”
avec toi pour toi
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