almanach
Un rectangle de carton
Des lunes, des marées
Des saints, des fêtes
Des noms, des jours
Bien alignés : 2 après 1
Parfois 31,
Parfois 30,
Une fois seulement 28
Un mois trop court
Surtout pour ceux nés un 29
De ce mois de février
Celui où le froid est à son paroxysme
Ils ne vieillissent pas moins vite pour autant
Juste que leur anniversaire n'a lieu que tous les 4 ans.
Deux-zéro-un-trois : 2013
Déjà le passé
10-9-8-7-6-5-4-3-2-1-0
2014
Le compte à rebours enregistré depuis des mois a envahi la télé à 00.00 h.
Je n'ai pas regardé, mon humeur n'était pas à ce faux semblant, à cette parodie de la vie.
Hier encore l'almanach de LA POSTE
Puisqu'on ne dit plus "des postes" était vivant.
La poste est devenue singulière.
Il disait
31 décembre : Saint Sylvestre
enfin dans mon calendrier grégorien
tout le monde ne lit pas le même.
Moi je viens de rentrer en 2014,
Je n'ai pas choisi, d'ailleurs ce quatorze me dérange
Je le trouve arrogant.
Le treize avait une douceur
Un parfum de trèfle
De campagne, de ruralité
Celui-ci je le trouve très urbain,
Bétonné, le col fermé jusqu'au cou.
Pourquoi ? Si je savais !
Il faudra faire avec pendant 365 jours,
En réalité déjà un peu moins.
Je compte bien en venir à bout
Sans être trop cabossée.
J'ai encore des projets, des envies, des rêves.
2013, sentait le trèfle, mais il ne devait avoir que 3 feuilles !
La quatrième feuille s'est effacée avec l'été.
L'automne s'est transformé en un mauvais rêve
qui ne s'estompe que petit à petit
La théorie des dominos.
La petite boîte verte est ressortie, au cas où.
un jour prochain elle retournera dans la grande boîte
Pour de longs mois.
En attendant, je fais avec.
Pourtant, il y a eu des surprises,
Des projets, un bel anniversaire,
Un séjour dans les Vosges à la rencontre de … encore à venir, et en Alsace au pays des cigognes revenues, le souvenir d'une enfance évanouie, et sa découverte à Strasbourg de la salade de gruyère râpé. J'en avais rapporté une petite Alsacienne, une poupée avec son joli nœud dans les cheveux, elle est toujours là. Elles sont mes souvenirs de mes vacances d'enfance avec les autres provinces d’une France différente. Je n'ai pas rapporté de poupée, mais mes amies étaient là, et çà n'a pas de prix.
Il y a eu Chamonix, et les petits déjeuners face au Mont Blanc, lui aussi, lié à d'autres époques de ma vie, moins lointaines, transit entre deux cultures.
Est-ce que cette année était un pèlerinage du souvenir ? Qui sait ?
Il y eut des petites escapades en bord d'Eure, à Trouville, et Rouen et la grande Armada et les bateaux sur lesquels j'aurais voulu embarquer pour m'évader loin très loin, Paris qui m'a supportée pendant cinq décennies et ailleurs encore.
Il y eut Frida Kahlo le premier jour. J'en suis ressortie déçue. Je l'aime trop, je devais trop en attendre.
Il y eut Bilal, Lichenstein, Dali, Hiroshige, Haring, Hantaï, le Louvre, quai Branly…
Il y eut Björk, Final Fantasy, Verdi, F. Battiato…
Il y eut la découverte du Studio 119 de la Maison de la Radio
Il y eut des rencontres…
Je les revis, je revois, j'ai aimé,
Le calendrier est corné, griffonné, des dates, des fêtes, des RV… et les mardis en rouge qui étaient si sacrés. Ils ne sont plus.
Il n'y eut pas … tant de choses, le verso, l'autre rive de ma vie.
J'aurais aimé… maintenant c'est trop tard. Pourquoi faut-il tant espérer de l'autre ? Et pourtant, à ma façon, je suis une guerrière, quand je perds la bataille, j’essaie de voir s'il y a quelque chose à sauver et je m’accroche. Dans le cas contraire, je rends les armes, et je laisse couler.
Çà m'est arrivé… pas facile !
Il n'y a rien à expliquer.
Il est parti, il est revenu. La plaie n'est pas refermée. L'empathie existe, enfin pour moi, alors cette blessure est aussi la mienne.
En septembre, j'ai adopté une abeille noire des Landes, une abeille virtuelle, elle s'appelle "plume", quel joli nom "plume", la candeur, la légèreté.
J'aurais aimé m'appeler plume pour voleter, pour me poser sur le papier et y tracer des mots de joie, d'amour et de bonheur. Je ne suis que la tortue à plumes.
Sous ma carapace, ma plume est plutôt de plomb, la vie est passée par là. J'écris des mots que j'aimerais aériens, d'espoir, de juvénilité. La juvénilité est un mot qui ne me convient pas. Je pense que dès ma naissance, il n'était pas pour moi… Les fées ne l'ont pas déposé dans mon berceau. C’est ainsi, même pas un drame, chacun son destin, chacun sa vie.
Est-ce cette transition des années ? Est-ce ce calendrier que je feuillette encore, avant qu'il ne finisse dans la poubelle, remplacé par un nouveau, mais des pans entiers de mon année ressurgissent, des tristes, des joyeux.
Que j'aimerais les poser, les exposer ? J'ai peur qu'ils ne me blessent ou me fassent mal, bons ou mauvais moments. Pourtant, ils sont là comme à la parade, les disparus qui se mêlent aux vivants.
Des images vues, ici ou là, m'avalent dans ce passé qu'il faudrait oublier, qu'il faudrait ne plus aimer. Et pourquoi ne plus l'aimer, il est moi, il est ma construction. Je ne leur dois pas tout, mais je leur dois tant.
Une certaine indulgence m'envahit. La nostalgie ? Ah oui c'est ainsi, c'est le mot juste.
La mélancolie de la nostalgie de ma vie. Il faut réagir. Je peux en tirer beaucoup, mais ce n'est pas ainsi que je vais avancer. Malgré les cheveux blancs et les douleurs, j'aimerais bien aller un peu plus loin, enfin pas tous les jours. J'aimerais… ce n'est plus possible. Ce n'est pas de la haine, ce serait de l'amour ! ce n'est pas de l'indifférence, mais qu'est-ce alors ? L’habitude ? Horreur ! un manque de courage ? La pitié ? Le passé ?
Le passé n'est pas le présent. Ah si j'avais eu la force de ne pas me laisser apitoyer ! serais-je plus heureuse ? Je ne sais. J'ai reculé et je suis mal retombée.
La confiance ? J’ai eu tort. Il me reste un brin d'humanité.
Des mots m'ont replongé dans un passé lointain. "Oiseau" ! Je n'en reviens toujours pas. Un mot d'une liste d'un concours charmant, chantant entre mots et musique, où de nombreux talents s'expriment et où j'essaie tant bien que mal de suivre. "Oiseau" un tumulte profond s'en est suivi. De mon refuge dans la nuit, j'entends cet oiseau, je voudrais lui crier des paroles d'amour. Je ne le peux plus ! Trop tard. J'ai tout essayé. La page est tournée. Il n'y a plus l'envie, il n'y a … pourtant j'aimerais déployer mes ailes, m'envoler pour… un ailleurs qui certainement ne serait pas meilleur.
2013, je ne suis pas sûre que tu me manques excepté quelques doux souvenirs d'évasions.
2014, sois sympa, à cent ans de la première grande Guerre, il faut rester vivant et debout et vigilant et puis, dans le même souffle, tout lâcher, se laisser aller, se laisser aimer et aimer, autant que possible, alors apporte-moi des sourires, des mots tendres, des émotions, de la joie, du plaisir. Je ne demande même plus de l'amour, enfin celui dont je rêve et pourtant…tu sautillais… mais c'était vraiment avant, il y a si longtemps !
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